Le Pape François vient de se rendre en Corse pour participer à un colloque sur la piété populaire en Méditerranée. Déjà, le souverain pontife avait témoigné de son intérêt pour l’expression populaire de la foi et pour une certaine inculturation. En Bretagne, cette piété populaire se décline sous divers aspects, et notamment dans les pardons. Le culte rendu à Sainte Anne est clairement marqué de cette piété populaire, et l’occasion nous est donnée de le rappeler à l’occasion du Jubilé des apparitions de la grand-mère de Jésus à Yvon Nicolazic. Plus encore, nous sommes amenés, via la Troménie de Sainte Anne qui se déroulera du 7 mars au 26 juillet 2025, à exercer d’une manière particulière et personnelle cette piété populaire soulignée par le Pape François. Le Père André Guillevic nous livre ici une réflexion bien à-propos.
« La piété populaire révèle la présence de Dieu dans la chair vivante de l’histoire, renforce la relation avec l’Église et devient souvent une occasion de rencontre, d’échange culturel et de fête. »
Ainsi s’exprimait le pape François ce dimanche 15 Décembre à Ajaccio, clôturant un colloque sur la piété populaire. Il pourrait dire la même chose s’il venait en Bretagne, on lui ferait connaître tous les nombreux pardons de chapelles avec les processions, les costumes, les bannières, les chants en breton, les fontaines…. et la Troménie ; car qu’y-a-t-il de plus « piété populaire » que la Troménie ? Une calèche portant une statue va parcourir le diocèse, suivie par des fidèles qui font prier, chanter mais d’abord se rencontrer, se retrouver parce qu’une même piété, une même dévotion va les rassembler. Il n’y aura pas de temps ni de place pour de grandes considérations théologiques au cours de cette marche, mais ce sera le temps du chapelet, de cantiques bien connus, de discussions fraternelles sous le soleil ou la pluie, le vent ou le brouillard. Cette marche priante est tellement simple, tellement incarnée que même le cheval sera de la dévotion ! On aura tant à le remercier quand ce sera fini. Il méritera bien une récompense, même si sa plus grande récompense sera d’avoir porté la statue de sainte Anne et d’avoir guidé des pèlerins. A Noël, c’était un âne et un bœuf, chez nous ce sera un cheval et avec un nom si beau : Symphonie !
Nous allons vivre un grand moment de piété populaire, « de rencontre, d’échange culturel et de fête », comme l’a dit le pape, qui va « renforcer la relation avec l’Eglise et manifester la présence de Dieu ». La piété populaire n’aime pas les grands discours, elle ne sait pas ce que c’est mais elle vient du cœur et là, tout le monde s’y retrouve, car c’est dans le cœur de chacun que se vit l’essentiel. Chrétiens fervents, chrétiens occasionnels, tous pécheurs, mais tous habités par un désir de conversion. Les cœurs joyeux, le cœurs meurtris, les cœurs habités par la joie du salut ou les cœurs inquiets ployant sous le poids d’un fardeau très lourd, tous marcheront, sûrs que sainte Anne, toujours accompagnée de sa fille Marie, apportera à l’un une joie missionnaire et à l’autre une espérance auquel il ne croyait plus. Tous marcheront dans une même Eglise animée par l’Esprit, sûrs de l’amour sans borne du Père, pour, au bout de la route, proclamer la foi Jésus-Christ.
La route sera peut-être difficile, la marche chaotique, le cœur hésitant à faire un pas de plus, et les pas seront peut-être lourds, mais avec Sainte Anne et Marie, il nous faudra aller jusqu’au bout :
« Sainte Anne, O Mère de Marie, conduis nos pas vers Jésus-Christ. »
Père André Guillevic
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